Lundi 26 novembre 2012

Nous étions dans le premier compartiment, au-dessus du boggey, alors forcément, ça secouait plus qu’à l’aller. Et puis à un moment, il y a eu un arrêt brusque et tout a valdingué. Mais à part ça, j’ai plutôt bien dormi, même si j’ai rêvé que les immeubles du Polygone bougeaient, qu’on ne savait pas si c’était un tremblement de terre ou juste l’immeuble qui s’écroulait, et qu’il fallait évacuer en urgence. (Note de l'auteur : le Polygone est le centre commercial emblématique de Montpellier)

A 4h25, nous avons de nouveau droit au réveil en musique, car nous arrivons dans 30 minutes. Il fait nuit noire. Sur le quai, nous éconduisons quelques taxis avant de sortir de la gare et de nous mettre d’accord avec un chauffeur pour 60000 dongs la course jusqu’à l’hôtel Prince V. La négociation à 5 heures du matin, c’est dur. En plus, il veut que je prenne mon sac à dos sur les genoux ! Alors là, mais même pas en rêve ! Ce sera dans le coffre ou rien du tout. Il finit par ouvrir le coffre de mauvaise grâce.

Heureusement pour la communication, nous avons pris la carte de l’hôtel avec nous. Mais même comme ça, je ne suis pas sûre qu’il sache exactement où nous allons. Effectivement, il nous arrête au milieu d’une grande avenue en disant que c’est là sur le côté. Et non, mon bon monsieur. Regardez mieux. La bonne nouvelle, c’est que nous sommes quand même proche du lac Hoan Kiem, donc dans le bon quartier. Mais le monsieur se fourre le doigt dans l’œil s’il pense que je vais aller jusqu’à l’hôtel à pieds avec mon sac à dos à cette heure-ci et après avoir passé la nuit dans le train. Je ressors mon plan et lui montre la rue de l’hôtel. Le voilà qui sort de la voiture… Euh… Il fait quoi là ? Pas de panique, il va juste vérifier le plan à la lumière de ses phares. Celle-là, on ne me l’avait encore jamais faite ! Cette fois ça semble OK. Nous faisons demi-tour et attrapons la bonne rue. 2 minutes plus tard, nous sommes devant l’allée Trung Yen.

L’hôtel est fermé – c’est qu’il n’est que 5h30 -, alors nous nous apprêtons à attendre sur les marches, quand le portier arrive et nous ouvre. En fait, il dort sur une couchette pliante dans le hall. D’ailleurs, dans le hall on y stocke aussi pour la nuit les scooters qui servent au coursiers dans la journée. Il nous indique la salle de bain si on souhaite prendre une douche. Tiens, il y en a aussi un qui dort dans la salle à manger, allongé sur trois chaises. Nous défaisons nos affaires le plus silencieusement possible, puis je file sous la douche et je retourne m’asseoir dans les fauteuils du hall pour finir ma nuit. C’est là que le doute m’a assailli : j’ai oublié ma belle polaire bleue de chez PADD dans le taxi. Le chauffeur n’aura pas tout perdu. Mais à ce prix là, j’ai bien fait d’insister pour le coffre et l’adresse.

A 7 heures, nous dégustons un agréable petit déjeuner – où j’ose enfin goûter au fameux fruit blanc à point noir, qui ne s’avèrera pas inoubliable – tout en consultant les hôtels de Hué sur Tripadvisor. Nous notons quelques adresses intéressantes puis, après avoir récupéré notre linge et payé les derniers frais, nous nous installons de nouveau dans le hall pour attendre le taxi qui doit nous emmener à l’aéroport. C’est là que la réceptionniste nous demande dans quel hôtel nous descendons à Hué. Elle propose même de nous faire la réservation dès maintenant. Ah mais ça, c’est une bonne idée ! Je lui passe donc notre liste. Elle connaît les deux premiers, qui sont paraît-il vraiment bien, mais après vérification, ils affichent complet. Le troisième en revanche a des disponibilités. Elle négocie le prix de la chambre et nous donnons notre accord pour trois nuits. Et en prime, ils viennent nous chercher tout à l’heure à l’aéroport.

Ca y est, nous voilà dans le taxi, en route vers l’aéroport de Hanoï et la deuxième étape de notre périple. Une très grosse averse salue notre départ, mais à l’aéroport, tout est déjà sec. Nous nous enregistrons rapidement et tombons par hasard sur nos amis québécois de Viet Hai, qui sont sur le même vol que nous.

Après 1h10 de vol sans histoire, nous atterrissons à Hué sous un soleil magnifique. La voiture nous attend comme prévu. Une fois à l’hôtel, nous prenons possession d’une belle chambre au 5^ème étage avec un petit balcon et vue sur les toits de la ville. Il est déjà 14 heures quand nous ressortons pour aller déjeuner, non sans croiser à nouveau nos québécois. Il fait très chaud, le ciel est d’un bleu limpide et … je crois que je me suis enrhumée ! Ca s’est fait en 2 heures de temps. La première urgence, ça va être de trouver les mouchoirs en papier, parce que là, je suis tout près de la panne sèche. Nous nous arrêtons dans une sorte d’épicerie, où j’ai un peu du mal à me faire comprendre. Finalement, la dame me montre un paquet ressemblant à ce que je veux. Elle me sort une pochette. Mais non, je vais prendre tout le lot. Heureusement, parce qu’au final, ils s’avèrent beaucoup trop fins. On dirait des kleenex pour la toilette.

Puisque nous trouvons un restau qui nous convient, je finis par me rabattre sur le distributeur de serviettes en papier. Au menu, nous testons aujourd’hui les crispy noddles. Ca ressemble aux frites d’apéritif, en plus fin. C’est spécial. Mais après réflexion, Nath apprécie. Moi, je dois plus trop avoir de goût. Comme elle aimerait bien une glace pour dessert, nous nous arrêtons quelques boutiques plus loin. Et là, que vois-je soudain ??? Quelque chose qui ressemble à un vrai paquet de mouchoirs en papier. En plus, ils s’appellent « Bless you ». Ca ne s’invente pas ! Bon ben, je vais prendre le lot de dix, fais-je comprendre à la vendeuse, étonnée. Deux échoppes plus loin, nous tombons sur une pharmacie. La première que je remarque depuis notre arrivée au Vietnam. Dieu existe. Maintenant le plus dur reste à faire : faire comprendre à la pharmacienne que j’ai besoin de quelque chose pour un rhume, et non une allergie. Parce que vu mon taux horaire d’éternuements, on pourrait s’y tromper. Vive le mime, : finalement, elle me sort une boîte d’Actifed. Nous sommes déjà un peu plus en terrain connu. Ce qui ne m’empêche pas de lire complètement la notice – heureusement en anglais – avant de l’acheter. Un toutes les 6 heures en plus du Doliprane, et je devrais pouvoir m’en sortir. Oui, je vais le prendre tout de suite.

Nous voilà en route pour la Citadelle en longeant l’embarcadère des bateaux-mouches locaux (les bateaux-dragons). Ce sont ces bateaux qui emmènent généralement les touristes le long de la rivière des parfums pour aller visiter les tombeaux impériaux.

Au 19ème siècle et jusqu'en 1945, Hué était la capitale impériale du Vietnam. Les empereurs de la dynastie N’Guyen ont vécu dans la citadelle dont une partie, à l’image de la Cité interdite de Pékin, était réservée à l’empereur, sa famille et les hauts dignitaires. Et ce, jusqu’au dernier de la dynastie, Bao Dai, qui lui est mort en exil et dans la pauvreté à … Paris. Mais ses prédécesseurs se sont fait enterrer dans les environs, dans des tombeaux construits sur le modèle de véritables palais. L’autre information importante, c’est qu’une des grande batailles de la guerre du Vietnam se tint en 1968 à Hué, entre américains et nord-vietnamiens, et a causé d’importants dommages à la Citadelle et a Cité Impériale Cette bataille fut un tournant de la guerre. Elle est d’ailleurs relatée dans « Full Metal Jacket », de Stanley Kubrick.

Mais pour l’heure, tout est calme, mis à part la circulation. Nous traversons l’ancien pont Clémenceau par le passage pour piétons et admirons les remparts, quand un vélo-pousse nous aborde. Il nous indique le chemin jusqu’à l’entrée de la Citadelle, … puis nous suit. Lui, il cherche des clients. Et puis après tout, pourquoi pas ? On voulait le faire à Hanoï. C’est le moment où jamais.

Une petite négociation plus tard, Nath et moi embarquons chacune dans notre vélo-pousse avec chauffeur pour une visite de la Citadelle avec arrêts photos. Et en plus, nos chauffeurs prennent aussi les photos.

Nous voilà donc lancée à travers la circulation, heureusement tranquille à l'intérieur des remparts.

C'est tout d'abord un arrêt à l'une des portes de la Citadelle, où nous pouvons monter dans la tour (étonnant comme des gens aussi petits que les vietnamiens peuvent faire des marches aussi hautes!), puis un passage près des canaux, la visite d'un jardin botanique, de quelques pagodes dont l'une héberge toujours des moines. Puis les portes ouvragées de la Cité Impériale et le musée royal des beaux arts où nous tombons en arrêt devant les statues de mandarins. Je crois que Nath a dans l'idée d'en ramener une chez elle !

Après 1h20 de visite, nous voilà plus riches de quelques anecdotes : ce trou dû à un boulet de canon, ou celui-là dû à une balle américaine. Ce restau, il ne faut pas y aller parce qu’ils servent du chien. D’ailleurs, le chien on n’a pas le droit d’en manger certains jours dans le mois. Aujourd’hui, toutes les pagodes sont ouvertes parce que c’est une fête liée à la lune. Nous aurons également appris quelques mots de vietnamien.

La balade a été vraiment agréable et instructive. Il ne me reste plus qu’à laisser un petit mot dans le livre d’or de Trung, mon chauffeur, à l’attention des touristes suivants. Parce que c’est vrai qu’il s’est bien occupé de nous.

Nous rentrons à pieds vers la ville moderne, nous égarant dans des rues sans intérêt avant de retrouver le quartier touristique et ses boutiques. Je craque pour un chemisier en coton et Nath achète une peinture à un vendeur ambulant. Il y a de très jolies choses dans les boutiques de vêtements, et même quelques morceaux de choix : Ipho, la version soupe vietnamienne de la marque à la pomme, Johnny en couverture de Paris Match, et Spiderman pris dans les fils électriques de Hanoï.

Nous nous installons en terrasse au Sunlight pour dîner, en nous faisons un petit plaisir avec un mojito. Enfin un et demi, car ce soit c’est Happy Hour : pour 2 boissons, la troisième est offerte. Donc il va falloir partager. Sur le chemin du retour, nous nous arrêtons devant les écharpes en soie. Dans le fond de la boutique, les femmes cousent les commandes. Elles peuvent tout copier et nous le faire pour le lendemain, sur mesure. Oui mais bon. Si je commence comme ça… Allez, on va réfléchir.

Côté rhume, pour l'instant je survis. Mais vivement mon deuxième Actifed !

Enrhumée à Hué - J09

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