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Vietnam, du Nord au Sud
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21 avril 2014

Dans les bras de Shiva - J15

Dimanche 2 décembre 2012

     A 8 heures du matin, après une bonne nuit et un toujours excellent petit déjeuner (ce matin, je prendrai quelques œufs brouillés, du bacon grillé, des fruits, un fromage blanc, merci.), et après avoir descendu nos sacs à la réception, nous embarquons dans un minibus déjà bien rempli de touristes, ce qui ne nous empêchera pas de faire encore deux arrêts pour compléter le chargement jusqu'à notre capacité limite. Il y a une chose à savoir à propos du minibus touristique vietnamien : là où tous les pays mettent habituellement trois sièges sur une rangée, ici on en met quatre. Quitte à réduire la largeur de l'allée et celle des sièges. C'est comme leurs maisons : pas d'espace perdu. Tout doit être optimisé.

Nous voilà donc partis pour le site de My Son, avec un guide local qui parle un excellent anglais, très appliqué, d'une voix forte et appuyée, un peu comme le Shogun dans les films asiatiques. Il nous donne quelques explications sur ce site qui a subi de plein fouet la guerre du Vietnam : comme il servait de refuge aux vietcongs, il a été énormément bombardé par les américains, et certains vestiges ne s'en sont pas remis. A propos, il ne faut pas dire "vietcong". C'est mal. C'est offensant. On doit plutôt parler de l'armée populaire de libération. Il faut dire que le papa de notre guide a été un "méchant vietcong". Bon, c'est pas le moment de faire l'apologie de l'Amérique.

IMG_3729Après une bonne heure de trajet, nous nous arrêtons pour une pause WC + boutique, puis partons à pied pour un "trek" de 5 minutes (si si, il a dit "trek"), qui nous conduit sur le site de cet ancien sanctuaire Cham dédié au dieu Shiva : My Son. Attention à ne pas quitter le sentier, car il peut y avoir encore quelques mines enfouies dans la jungle. D'ailleurs, le guide ne manque pas de nous désigner les impressionnants cratères, vestiges des bombardements des méchants américains.

Le site a été la capitale du royaume de Champa entre le 4ème et le 13ème siècle. Cœur politique et religieux du royaume, il s'est développé de façon continue pendant près de dix siècles. Son architecture montre de façon flagrante l'influence hindouhiste, et en fait un site tout aussi remarquable que Anghkor. Shiva est présent partout, on le repère assez facilement, avec tous ses bras. Et puis Shiva, c'est aussi le dieu à deux faces, homme et femme à la fois, créateur de l'univers et destructeur. D'ailleurs, le côté masculin est très présent, puisque un peu partout, est érigé le "lingam" de Shiva, une pierre monolytique en forme de phallus, qui représente le dieu.

XD1_ 1887Après avoir été longtemps abandonné à la jungle, le site a été redécouvert en 1885 par Henri Parmentier, qui s'est permis d'emporter les têtes des statues pour les exposer au Louvre. Lesquelles ont été remplacées par des reconstitutions assez grossières. Autant dire que les français non plus, ne sont pas en odeur de sainteté. Bon, on va se faire toutes petites, alors. (Je crois que le pire, c'est d'entendre le guide demander : "vous savez qui a détérioré le site ?", et une touriste, à priori d'Europe du nord, répondre allègrement : "the french !". "Yes. The french !".

XD1_ 1900Je veux pas dire, mais dans toutes ces explications, on sent quand même pointer le discours politiquement orienté. Il n'empêche que ce site, désormais protégé et classé au patrimoine mondial de l'UNESCO, est magnifique, et la visite particulièrement passionnante.

XD1_ 1932Retour au bus qui nous emmène au bateau qui doit nous ramener à Hoi An. Nous embarquons depuis la berge non aménagée et nous installons sur les bancs de part et d'autre du bord, où on nous sert un lunch "frugal". Ca fait un peu pique-nique à la va-vite. Rien à voir avec le déjeuner qu'on nous avait servi à bord, au retour de Cat Ba. La balade sur la rivière est sympathique, mais sans plus. Les berges ne valent pas le détour, surtout quand on vu la rivière dans ses plus beaux atours à Hoi An. Le bateau aborde bientôt un embarcadère d'où repart un autre bateau du même type après avoir récupéré ses touristes. Ah, on dirait que c'est une halte obligée. Effectivement, il s'agit du village d'artisans de Kim Bong.

XD1_ 1956Et comme tout le monde le sait, les alentours de Hoi An sont réputés pour ces villages qui regroupent divers métiers de l'artisanat. Ici, la spécialité, c'est le travail du bois : fabrication de barques traditionnelles, marqueterie, décors en incrustation de nacre, sculpture de statues religieuses. Le travail de précision est remarquable, et véritablement "artisanal". .. Et les boutiques regorgent de souvenirs. Mais là, je crois que j'ai fait le plein hier et je sature un peu.

Une demi-heure plus tard (les visites sont chronométrées pour permettre au bateau suivant de venir prendre notre place), nous avons ré-embarqué et sommes sur le chemin du retour. Comme nous arrivons à Hoi An en début d'après-midi, j'en profite pour me rendre chez le tailleur, voir où en est ma commande. Je ne sais pas pourquoi, j'appréhende un peu. Dès le départ, je la sentais pas bien, cette histoire. Et effectivement ! Si le chemisier vert va à peu près (bien que ça baille dans le dos, pour un chemisier cintré), le rose est carrément trop petit ! Je ne peux même pas plier les bras tant les manches sont serrées. Catastrophe !
Mais il en faut plus pour les faire paniquer (allez, ça pourrait être pire : je pourrais avoir autant de bras que Shiva... et donc autant de manches qui ne vont pas. Là, il n'y en a que deux!) :

     - Pas de problème. On vous le refait entièrement pour dans deux heures.

Euh… J'ai quand même un avion à prendre à 21h…

Franchement, j'en viens à me demander à quoi servent les mesures qu'ils ont prises. Bon, Ne stressons pas, on verra bien. Nous traversons pour rentrer à l'hôtel prendre une douche. Celui-ci a mis grâcieusement à notre disposition des sanitaires, et ça, c'est super agréable, même si on n'a plus de chambre. Puis, après avoir réglé les dernières formalités, nous allons en ville prendre un verre. Après tout, c'est les vacances. A 17h, je suis de retour à la boutique pour l'essayage de la dernière chance. La verte tombe beaucoup mieux, même si elle n'a plus rien à voir avec le modèle initial. Quant à la rose, c'est toujours pas ça. Trop grand sur le milieu du dos, trop serré aux épaules, pas la bonne longueur. Prenant le taureau par les cornes, la patronne m'annonce que la vendeuse va m'emmener directement à l'atelier pour les dernières retouches. Voilà un casque, et le scooter ronronnant qui m'attend devant la boutique. Et ma nouvelle chemise sur le dos, nous filons dans la circulation de Hoi An. Alors là, rien à voir avec la conduite prudente de nos chauffeurs de Hué. Cette fois, ça se passe à la vietnamienne. J'ai intérêt à m'accrocher et à pas moufter. La vendeuse finit par se garer et me désigne une maison de l'autre côté de la rue. Dans l'avant-pièce, cinq ou six ouvriers et leurs machines à coudre. L'une d'elle me prend en charge. La vendeuse explique en vietnamien ce qui ne va pas. On marque les coutures, puis on me fait signe d'enlever la chemise… Euh… oui mais non ! Le striptease devant les inconnus, c'est pas mon truc. L'ouvrière comprend et me tend un autre chemisier en cours de confection. Un peu grand, mais ça fera l'affaire. Elle me propose ensuite d'attendre dans la pièce juste derrière, pendant qu'elle reprend les coutures. La pièce de derrière, apparemment, c'est le séjour de la maison, où deux minots jouent aux échecs à côté de la télé allumée. Je pose un bout de fesse sur le canapé, un peu gênée d'être là. C'est quand même franchement déstabilisant, d'entrer comme ça dans leur intimité.

XD1_ 1966L'ouvrière revient, je réessaie, on retouche. Au bout du quatrième essai, c'est bon ! Pas parfait, très loin du modèle, mais tout à fait mettable… l'hiver prochain, quand la déception m'aura passé. Nous reprenons le scooter jusqu'à la boutique, et après avoir réglé, je rejoins Nath qui poursuit son festin de nems de Hoi An. Et c'est tellement appétissant, que je finis par l'imiter, en attendant la voiture qui doit nous conduire à l'aéroport de Da Nang.

Notre vol étant retardé de 20 minutes, on s'occupe comme on peut en attendant, notamment en regardant les photos de neige sur Face de Bouc. C'est qu'il a pas l'air de faire chaud, en France. Ca donne pas envie de rentrer, ça.

La tante de l'amie de Nath qui nous a réservé l'hôtel à Ho Chi Minh Ville nous a bien briefées sur la compagnie de taxis à utiliser pour gagner le centre-ville. Malgré cela, on a quelques doutes sur celui qui nous emmène. Mais où est-ce qu'on est ??? Puis finalement, nous arrivons à bon port à 23h30. Un sapin clignote dans le hall du petit hôtel devant lequel le taxi nous dépose. Par la température ambiante, c'est assez incongru. Après nous être enregistrées, nous découvrons la chambre, et là, je dois dire que je suis un peu déçue. C'est la plus cheap qu'on ait eue jusque là : Fenêtres aveugles ou donnant sur l'escalier intérieur, décoration vieillotte, télé d'avant-guerre, interrupteurs et prises de courant rares et mal placés. Bref, je ne suis pas emballée. Mais en même temps, il est tard, c'est propre et la literie semble bonne. Voilà ce que c'est que de prendre des goûts de luxe…

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Commentaires
M
Alors donc My Son c'est "mon fils"? ok je sais elle est nulle!
H
My Son, c'est clair que ça ressemble a Angkor! Même Bastien l'a dit en voyant tes photos ! Dommage qu'on ait raté ce site. Ça semblait super intéressant sur le plan historique.
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