Jeudi 22 novembre 2012

Il fait très froid dans la cabine à cause de l'air conditionné qu'on ne peut pas régler, et du coup j'ai eu du mal à m'endormir. Mais une fois sous la couverture, c'était heureusement tout à fait gérable.

Il est 6h45, le jour se lève à peine, et dehors le temps est déjà chaud, humide et bien brumeux. Il y a tellement d'humidité, que la buée se forme instantanément sur l'objectif à chaque fois que j'allume l'appareil photo. Forcément : lui il est toujours à température de la cabine. Il va donc me falloir vingt bonnes minutes avant d'arriver à avoir une photo correcte, alors que le paysage est magnifique, même sous ce ciel gris.

Au petit déjeuner, nous avons droit à de la brioche fourrée de crème pâtissière bien dégueulasse, et le beurre est … liquide.

Pendant ce temps, le bateau s'est mis en branle et nous entraîne dans une petite excursion à travers les pitons. Le temps est gris, avec quelques gouttes de pluie, mais il fait toujours bon. Nous débarquons sur le ponton d'une ferme perlière ancrée au milieu des rochers.

La visite permet de se familiariser avec la culture des huîtres perlières et se termine par une démonstration d'insémination pour créer une perle. Heureusement que je connais déjà depuis Tahiti. Ca me permet de suivre plus facilement les explications en anglais. Après un petit tour à la boutique, nous remontons à bord et filons faire nos bagages pour libérer les chambres. Quelques minutes plus tard, un bateau plus petit (mais plus grand que l'annexe) vient s'amarrer à notre bord. Ses passagers montent sur la jonque tandis que nous prenons leur place avec nos bagages. C'est ici que nous nous séparons d'une partie du groupe qui n'avait opté que pour deux jours de croisière. Quant à nous, nous prenons la direction de Cat Ba, l'une des plus grandes îles de l'archipel qui borde la baie d'Ha-Long, et dont la moitié de la superficie a été classée parc national.

En chemin, nous faisons une petite halte sur Monkey Island – l'île aux singes -. Notre bateau vient s'échouer sur le rivage, et il nous faut débarquer avec la planche. A déconseiller aux maladroits chroniques (dans mon genre)! Il s'agit d'une planche large de 30 cm, avec des petites barres de bois perpendiculaires pour faire offices de cales, à défaut de marches, que l'on pose entre l'avant du bateau, très haut, et la plage.

Avec l'eau bleue, les palmiers, les pitons et le sable fin, on se croirait dans Pirates des Caraïbes. Ici, on peut au choix, grimper sur la colline pour admirer la vue, ou se contenter de la plage et d'une baignade. Par contre, il est interdit d'approcher les singes qui peuvent être agressifs, ou de laisser ses affaires sans surveillance si on veut les retrouver. Oui, ils sont aussi voleurs. Nous attrapons le sentier qui grimpe au milieu des cadavres de bouteilles en plastique, pour atteindre un petit promontoire dominant la crique où est ancré notre bateau. On est vraiment dans un film de pirates. Malheureusement, mes Birks, c'est pas l'idéal pour ce genre d'excursions. Aussi, je décide de redescendre prudemment et à mon rythme, tandis que Nath continue un peu plus haut. Une heure plus tard, nous ré-embarquons par la même planche, et je manque de finir à la baille. Mais tout est bien qui finit bien : dans le bateau, un repas nous attend, et Nath et moi déjeunons avec un couple de vietnamiens d'une cinquantaine d'années très sympathiques. La croisière continue à travers les pitons et les villages flottants de pêcheurs fort pittoresques.

Sur l'île de Cat Ba, nous débarquons sur le quai, et tandis que nos bagages sont chargés sur des motos, nous choisissons un vélo pour aller jusqu'au village. Mieux vaut tester les freins avant de partir. Ca évitera les mauvaises surprises. D'autant plus qu'à 3 kilomètres de là, il y a une montée du tonnerre de Zeus ! La route circule à flanc de colline, longeant le bras de mer qui entre dans l'île. Le paysage est superbe. Après la montée et le col qui domine des parcs à poissons, nous traversons un semblant de forêt vierge et débouchons finalement sur des rizières enfermées dans une vallée et entourant un village du bout du monde.

C'est Viet Hai, le village où nous allons dormir cette nuit dans de petits bungalows. Dans la petite rivière, un bœuf à larges cornes prend son bain sans avoir l'air d'avoir envie de sortir, tandis qu'un autre suit tranquillement son maître au milieu de la rizière. De vraies images de carte postale. Tiens ! On vient de se faire doubler par nos sacs sur la moto !

Après avoir déposé nos affaires dans le bungalow, sommaire, mais tout à fait correct, nous voilà parties avec le reste du groupe vers la grotte aux chauves-souris. Pour l'occasion, j'ai enfin troqué mes birks contre les tropéziennes. Et vous savez quoi? La tropézienne gagne haut le pied l'étude comparative en jungle et chemin escarpé.

Une partie du groupe ayant choisi de dormir à l'hôtel, ils repartent en vélo, tandis que nous prenons possession des lieux. Kai repart avec eux, et nous sommes désormais livrées à nous mêmes. De toute façon, Kai il doit être payé pour 2 commentaires par jour, car depuis hier, c’est un peu le rythme qu’il a tenu. Il est gentil, mais assez directif. Ca doit être le côté discipline de l’école nord vietnamienne (oui, parfois je fais dans le cliché).

Il fait lourd et humide. Ca sent l’orage. Mais avec Nath, nous décidons de reprendre les vélos pour visiter les environs. A savoir : nous allons refaire le même chemin, mais en sens inverse ! Nous faisons quelques haltes photos pour profiter de l’ambiance paisible de ce petit coin de terre qui semble oublié des Dieux… Enfin ça, c’était avant ! Avant notre course-poursuite avec deux camions, digne de Duel ou du Salaire de la Peur : nous n’avons pas plutôt quitté Viet Hai, que ces camions qui transportent les matériaux pour le chantier en cours à l’entrée du village, de gros trucks avec des grandes roues, apparaissent derrière nous.

Et sur cette route, impossible à deux voitures de se croiser, ni à un camion de doubler des vélos. Sauf qu’à voir leur façon de conduire, sans ralentir, ça ne les gênerait pas de tenter quand même. Et quand on connaît la conduite à la mode vietnamienne, on préfère ne pas tenter le diable. Il va donc falloir appuyer sur les pédales et gagner du temps pour trouver un endroit où on pourra se faire doubler sans risque. Pour l’instant, le bas-côté n’est guère praticable. Autant filer droit devant. Nous engageons donc une formidable course-poursuite, puisant dans toute nos ressources, pour filer sur la route en jetant de temps à autre un coup d’œil en arrière pour vérifier l’avancée des monstres. Au bout d’un moment, j’avise une éclaircie dans la jungle du bas-côté et me range en descendant de vélo.

Les camions passent sans ralentir. Ouf ! J’ai perdu Nath de vue, mais j’espère que pour elle aussi ça s’est bien passé. Nous finissons par nous retrouver un peu plus loin, pour tomber cette fois sur … un groupe de chèvres qui encombre la route. On fait vraiment de drôles de rencontres, sur cette île.

Le jour décline. Il est temps de rentrer. Une bonne douche ne sera pas de trop : avec cette humidité, je suis trempée.

Nous faisons une petit halte à la boutique du village de bungalow pour nous équiper en bouteilles d’eaux, et là, Nath craque pour une paire de boucles d’oreille en perle noire. Les moustiques commencent à attaquer. Je crois qu’on ne pourra pas s’affranchir d’installer les moustiquaires pliées sur les lits. Attention, grand moment de système D ! Mais le résultat devrait nous sauver pour cette nuit.

Il fait déjà nuit lorsque nous rejoignons la grande case où est servi le repas. A table avec nous, un couple de néerlandais, ce qui ne simplifie pas le dialogue. A côté, des québécois. Nous les avions croisés dans le village, alors que nous repartions à l’aventure. Alors qu’ils se demandaient si c’était encore loin, je leur avais répondu en français, à leur grande surprise. Nous sympathisons et ils nous racontent leur séjour à Sapa (qui sera notre étape suivante) et nous montrent quelques photos. C’est beau ! Mais il paraît qu’il y fait froid. Et bien on se couvrira.

Nous regagnons le bungalow aux alentours de 20 heures, alors qu’il fait déjà nuit noire. C’est que la journée a été longue. Tiens, une araignée s’est installée dans la salle de bain. Ici, je m’attendais à trouver quelques monstres, mais non, il s’agit d’un faucheux.

Expérience : une araignée s’étant installée au-dessus du porte-savon, que se passe-t-il lorsque qu’on manipule celui-ci ?

Réponse : rien quand on le prend, mais lorsque’on le repose après l’avoir utilisé, l’araignée panique, s’agite et se fait la malle dans la direction opposée.

Conclusion : les araignées, ça n’aime pas le savon.

Bon ben, entre les escaliers de la grotte d’hier, les marches d’aujourd’hui et le vélo, j’ai plus de cuisses. Au dodo.

Le village du bout du monde - J05

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