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Vietnam, du Nord au Sud
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11 novembre 2013

Le chemin des brouillards - J07

Samedi 24 novembre 2012

     Je crois que j’ai dû dormir, parce qu’il me semble avoir rêvé en pointillés. C’était même assez bizarre. J’ai donc forcément dû rêver. Ahhhhhhhhh ! C’est quoi cette musique ???? Pourquoi notre voisin de chambrée jusque là si prévenant joue-t-il avec sa musique de téléphone ?
Il est 5h15, et je viens de faire connaissance avec la musique de réveil made in Vietnam. Nous arrivons dans 20 minutes. C’est la queue aux lavabos. Je crois que je patienterai jusqu’à l’hôtel pour faire un brin de toilette.

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Il fait encore quasiment nuit quand nous descendons du train. On nous avait dit de nous couvrir car il risquait de faire froid, mais pour l’instant, ça reste tout à fait supportable. On nous a également bien prévenues de ne répondre à aucune sollicitation de taxis dans l’enceinte de la gare. Ce sont de grosses arnaques. Notre accompagnatrice doit nous attendre à la sortie et elle a nos noms sur sa liste. La voilà. Sauvées ! Nous ne resterons pas en plan à Lao Cai. Elle nous conduit jusqu’à notre bus et nous annonce que nous allons attendre encore 30 minutes car d’autres personnes arrivent par le train suivant. Ensuite, il y aura une heure de route jusqu’à Sapa. OK. Dans ces conditions, il va être urgent de trouver des toilettes avant de partir. Les toilettes de la gare de Lao Cai, c’est toute une aventure : des toilettes à la turque, avec une grande poubelle pleine d’eau qui déborde sur le sol et une casserole pour y puiser afin de « tirer la chasse ». Et en plus, c’est payant!

Le ciel commence à peine à s’éclaircir quand nous attaquons la route de montagne qui monte vers Sapa. Voici les première rizières. C’est beau. Mais c’est long. Me voilà bientôt à somnoler. Et quand j’ouvre à nouveau les yeux, nous sommes dans le brouillard. – Pourvu que ça se lève ! Pourvu que ça se lève ! –

Le bus nous dépose devant un bel hôtel dans les hauteurs de la ville, où on nous accueille en nous présentant l’organisation de la journée :

« Vous pouvez déposer vos bagages à l’étage en dessous, prendre une douche un étage plus pas, et un petit déjeuner vous attend au rez de chaussée. Rendez-vous dans le hall à 9 heures pour le départ. Il est 8h10. Il va falloir être efficace. Désolée, la douche était trop tentante, j’ai cédé. Ensuite, il a fallu sélectionner les affaires à emporter pour ces deux jours et les caser dans mon petit sac violet. Ca rentre tout juste, mais ça rentre ! Je fais dans l’efficace cette année, je vous dis! Après un rapide mais bien agréable petit déjeuner, nous rencontrons notre guide : Jeanne (je ne sais pas si ça s’écrit à la française, ou Jan ou Jane, alors au vu de sa prononciation, je vais garder ma première orthographe). Elle est toute petite ! (Je suis sûre que H aurait eu peur de la perdre - message personnel) Heureusement qu’on peut la repérer à son anorak jaune. Jeanne appartient à l’ethnie des Hmongs Noirs. D’ailleurs, sous son anorak, et malgré ses chaussures de marche, elle porte la tenue traditionnelle. En tout cas, elle parle un très bon anglais sans accent, et du coup, on la comprend vraiment facilement. Notre groupe est composé de Chris, un polonais qui vit à New York, Béa et Nathan, un couple madrilène qui vient de passer un an à Vancouver et qui rentre en Europe en s’offrant quelques mois de vacances, et Mira et Alex, deux jeunes allemandes qui sont passées par la Thaïlande et le Laos.

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Nous démarrons une demi-heure plus tard en descendant vers le centre de Sapa. Comme il commence à tomber quelques gouttes, notre première halte sera pour un magasin decapes de pluie. Et oui, ça j’avais encore pas prévu. Bon, leurs capes, on dirait un peu celles des chutes de Niagara. Est-ce que ça va tenir deux jours? That is the question.

Sapa est une ancienne station climatique construite par les français pendant la colonisation. C’est là que venaient prendre le frais les colons, quand ils voulaient échapper au climat étouffant des basses terres. Et effectivement, la ville a vraiment l’allure d’une station de ski et pourrait rivaliser sans peine avec Chamonix. …

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Si ce n’était les femmes des différentes ethnies qui parcourent les rues en tenues traditionnelles. D’ailleurs, ça y est, nous sommes suivis. Des jeunes femmes Hmongs nous ont rejoints. Chacune son touriste. Et c’est le début de l’interrogatoire : Where are you from ? What’s your name ? How many brothers and sisters? First time in Sapa? First time in Vietnam? How old are you? How many babies? Etc… Ca me permettra quand même d’apprendre qu’ici, les filles se marient à partir de 15 ans et qu’elles ont des bébés à 20 ans. Quand elles se marient, elles partent vivre dans la maison du mari. Donc les familles qui n’ont que des filles continuent à essayer d’avoir un garçon, ce qui fait de grandes familles. Si le sort le leur refuse, il n’y aura pas grand monde pour s’occuper d’eux sur leurs vieux jours, et à leur mort, les terres iront au plus proche parent.

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On discute aussi tissage et teinture, puisque leur nom vient de la couleur sombre de leurs vêtements. Et puis, y’a que ça à faire, car nous sommes en plein brouillard, et ça n’a pas l’air de vouloir se lever. Alors le paysage …

Voyons les choses du bon côté, heureusement quand même qu’elles sont là, nos accompagnatrices, car maintenant que nous marchons sur les rebords des rizières en terrasse, je constate vite que ça glisse bien, avec toute cette boue. Et elles, avec leurs bêtes bottes de pluie, leur grand panier d’osier dans le dos et leur parapluie, elles ont le pied sûr comme de vraies chèvres de montagne. Ma guide m’a drôlement aidée, parce que j’ai quand même failli partir deux fois. Et il faut bien l’avouer, c’est pentu, très haut, et pas très rassurant, ce chemin, par ce temps humide. Qu’est-ce que j’aurais aimé que le soleil perce un tout petit peu !

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Alors que nous descendons toujours et sortons d’un petit bois, je vois soudain à nos pieds se dessiner un très haut pont de béton. Des piliers qui se perdent dans le brouillard, et un tablier moins large qu’une route départementale du fin fond de l’Aveyron, sans rambardes. Va falloir passer par là, ma grande. Et pas question de faire demi-tour. Aïe ! Je vous ai dit que j’ai le vertige ? Bon ben y’a plus qu’à. On prend une grande inspiration, on regarde droit devant soi et on se lance malgré les jambes qui flageolent, le cœur qui bat et les mains moites. Avance. Avance. Ne regarde pas sur les côtés. Garde les yeux sur l’arrivée. Reste au milieu. Avance. Vas-y, tu peux le faire. Bon sang, que c’est long ! Pourvu que le groupe devant ne s’arrête pas. Pourvu… Et puis ça y est, voilà l’autre côté. Et là, la tension nerveuse retombe d’un coup et je m’écroule, en larmes. C’est rien. J’évacue. Tout va bien.

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La traversée du pont suivant sera beaucoup plus amusante. Celui là est un pont suspendu au dessus d’un large torrent, et même s’il bouge, au moins il y a des rambardes. Comme quoi, je demandais pas grand chose.

Nous arrivons à Lao Chai où nous allons manger dans une sorte de cantine Hmong au bord de la rivière. C’est le moment : nos accompagnatrices posent leurs paniers et sortent leur marchandise. Après négociation, je finis par acheter un sac brodé à ma "copine". Elle m’a sacrément aidée et c’est de bonne guerre.

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Puis nous descendons dans la salle du repas, et voilà bientôt les gamines qui accourent pour nous montrer leurs bracelets tissés. Ils sont drôlement jolis. Le prix un peu moins. 1 bracelet pour 10000 dongs. Mira en négocie deux pour le même prix. Quant à moi, je suis soudain assaillie par quatre gamines, ce qui ne plaît pas à celle qui m’avait entreprise la première, et qui le fait savoir en me lançant des « I show you first » explicites. OK, alors je vais t’en prendre un à toi pour 5000, et un à ta camarade pour 5000. C’est qu’ils sont quand même jolis, ces bracelets.

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Après le repas, nous repartons pour Ta Van, le deuxième village où nous logerons ce soir. Cette fois, nous sommes suivis par des femmes de l’ethnie Hmong et des Dzaos. Euh… C’est bien joli, tout ça, mais je vais pas pouvoir acheter à tout le monde, moi. Je suis pas Rockfeller.

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En passant devant la coopérative, Jeanne s'arrête faire quelques courses pour le repas du soir. On a de la chance : nous, on ne voyagera pas avec la poule vivante tenue par les pattes.

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Nous arrivons au village vers 14 heures et découvrons notre homestay (gîte chez l’habitant) : une grande maison de bois, avec un dortoir à l’étage qui ressemble à une remise. C’est très sympa, même si on va dormir à la mode du pays, sur des matelas par terre. Je pense qu’on survivra aussi aux planches disjointes qui laissent passer quelques courants d’air. Tant qu’il ne pleut pas dans le dortoir, tout ira bien. Après avoir testé le thé vert offert par nos hôtes (Euh... Joker!), nous décidons d’aller faire un tour dans le village. Dehors, nos accompagnatrices nous attendent avec leurs articles à vendre. Et là, j’ai découvert une règle primordiale dans ce pays : ne jamais dire « peut-être plus tard » pour se débarrasser d’un démarcheur, parce qu’ils vous prennent au mot ! Bref, il y a un sac qui me plait bien, mais j’en ai déjà acheté un, alors c’est quand même pas sérieux. Mira et Alex, elles, achètent des jambières Hmong. Tiens, j’aurais jamais pensé à acheter ça. C’est qu’en rentrant, il faut pouvoir les mettre. Au moment où nous allons nous mettre en route, Jeanne nous prévient d’être là vers 16h45 ou 17heures, car le repas est à 18 heures. Euh… ouais. On va dire, 17, alors. Nous remontons la « rue » principale (une grande coulée de béton posée sur la végétation luxuriante), et atterrissons devant le Lucky Daisy’s Bamboo Bar, tenu par un hollandais marié à une Hmong.

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Ils ont même du chocolat chaud et du wifi ! Dans ce coin perdu, ce serait dommage de passer à côté. Du coup, tout le monde sort son smartphone. C’est trop dur, d’être si loin de la civilisation. Quant au chocolat, il est délicieux et nous réchauffe bien, par ce temps humide. Puis, Nath et moi décidons d’aller explorer un peu plus le village. Ben en fait… y’a rien à voir. Ah si, oin a quand même trouvé le Spa!
Nous sommes donc de retour à 17 heures, comme Jeanne l’a demandé. Les autres reviennent également du Bamboo’s et nous entamons une partie de cartes avant le repas : le burro.

Pour le repas, c’est comme d’habitude : riz, tofu, choux, nems (végétariens, à tomber par terre !), un plat de poulet, un plat de bœuf. Et le tout sacrément meilleur que ce que j’ai mangé jusque là en excursion. Et pour finir, un petit digestif à l’alcool de riz.

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Il est encore tôt, mais la porte a été fermée, car on évite de sortir la nuit. Il n’y a pas d’éclairage dehors et les chiens qui rôdent ne sont pas forcément amicaux. Qu’à cela ne tienne, nous reprenons notre partie de cartes avec une chaufferette à nos pieds : un grand chaudron rempli de braises que nos hôtes ont amené sous la table. Sympa ! Après un nouveau burro, qui me vaut la punition d’un verre d’alcool de riz que j’ai failli recracher dans un fou-rire, nous passons à une version adpatée du Uno : le mao-mao, puis au menteur (bullshit). Ce jeu-là, j’aime pas ! Je sais pas bluffer. Alors forcément, je perds. Et enfin, petite initiation au poker. En anglais.

Le temps passe vite, quand on s’amuse en bonne compagnie. Il est déjà 22 heures, et il semblerait que nos hôtes vont se coucher… et nous, on fait un peu de bruit. Alors tout le monde au lit.

On dirait qu’il s’est mis à pleuvoir…

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Commentaires
B
Oui, elle était toute toute petite! Quant à la cape, elle doit être aussi solide que celle de Niagara. LOL.<br /> <br /> Les bracelets ça devrait faire 50 centimes pièce.
C
wow mais quel brouillard ! très classe l'imper jaune, ça me rappelle Niagara Falls ! ;)<br /> <br /> bon alors ? Jeanne, elle était encore plus petite que toi ? non parce que là, j'aurais pu la perdre effectivement ! :P
M
Ils sont mimis les enfants! Et le bracelets ont l'air super beaux! mais ça fait combien en euros du coup?
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