Je suis une fourmi - J02

Lundi 19 novembre 2012

     La lumière se rallume brusquement à 4 heures du matin (heure locale), juste quand j’allais m’endormir un peu. La nuit a été courte. Nous atterrissons à l’aéroport de Hanoï à 6h05 du matin. Et là, c’est un autre monde : on ne sait pas vraiment où il faut aller, d’autant que, même si l’alphabet vietnamien est un alphabet romain contrairement aux autres pays d’Asie, il faut quand même décoder. Ah, il y a un panneau en anglais marqué « Domestic Corresponding ». On sait jamais, c'est peut-être par là. Finalement, nous passons sans encombre les formalités de police, puis celles de douane après avoir récupéré nos bagages. Il ne reste plus qu’à trouver un taxi.

Compte tenu des grosses arnaques en la matière, on nous a conseillé de ne prendre que des taxis « Taxi Airport ». Sauf qu’il y a des rabatteurs pour un peu toutes les enseignes. Nous négocions le prix de la course jusqu’au centre-ville avec l’un d’eux :

- 20$ ou 20€. Same. As you want.

Euh… non mon gars. 20$ et 20€, c’est pas pareil ! Il est loin, ce temps-là. Ce sera donc 20$. La voiture arrive, on charge les bagages. Ne vous inquiétez pas, le chauffeur sait où c’est…. Alors en fait non, il ne sait pas. Il nous faut lui sortir la réservation de l’hôtel pour qu’il vérifie l’adresse. Ca commence bien.

Et dans le petit matin gris et moite, nous voilà enfin sur la route. Un grand axe plein de voitures, bus, camions, scooters. Ils sont partout les scooters. Ca déboule de tous les côtés. Ici, il faut juste savoir une chose : on conduit au klaxon. « Poussez-vous j’arrive ». La bande de séparation des voies opposées n’est là que pour la déco. Et à chaque fois, ça passe tout juste, mais ça passe. Je comprends pourquoi les étrangers ne sont pas autorisés à conduire. De toute façon, ça ne fait pas envie. Sur le bord de la route, il y a également beaucoup de piétons, des écoliers ou des femmes qui vont vers la ville avec leurs marchandises du jour à vendre. Tiens, un cochon qui pend à l'arrière du scooter (tu vois le cochon ? Il est mort !). Un autre monde… puis nous entrons dans la ville par les faubourgs, quittons le « périphérique » et nous aventurons dans de petites rues grouillantes de monde et de véhicules. Pas facile de se faufiler quand on est une voiture !

Le taxi s’arrête et nous désigne une rue : « C’est là ». Un peu surprise, je descends pour aller vérifier, tandis que Nath reste dans la voiture avec nos affaires. Je remonte la rue perpendiculaire qui semble se terminer en cul de sac. Pas d’hôtel Prince V en vue. Je reviens et dis au chauffeur que non, ça paraît pas être là. Le nom de la rue ne correspond pas. Sans dire un mot, il redémarre et s’arrête au carrefour suivant. Rebelotte, je vais vérifier, mais toujours pas d’hôtel. Cette fois, il descend et vient avec moi, puis me désigne une ruelle où il est impossible à une voiture de circuler. Faisant taire ma légère appréhension, je m’avance dans la ruelle et finit par découvrir la façade de l’hôtel. Ah ! OK ! Et bien il fallait le savoir !

C’est tout de même dans un drôle d’endroit que nous voilà embarquées ! Nous réglons la course et sac sur le dos, nous enfonçons dans la ruelle. Heureusement, la réception est déjà plus au calme. Nous faisons le check-in, mais comme les chambres ne sont pas encore prêtes (c’est qu’il est tôt !), on nous propose un thé. Puis la gérante vient nous demander si nous avons déjà des choses de prévues pour nos visites. Elle nous propose donc quelques excursions, et conformément à notre planning, nous nous décidons pour celles de la baie d’Halong et de Sapa. Elles ont l’air de bon rapport qualité-prix et ça nous évitera de courir les agences pour en trouver. Par la même occasion, elle propose également de nous réserver dès maintenant le vol pour Hué lorsque nous repartirons, tout comme les billets de train pour Sapa.

Notre chambre se situe au 4^ème étage sur cour de ce petit hôtel sympathique tout en hauteur et profondeur. Et la cour, c’est bien parce que la ruelle a beau être minuscule, c’est une vraie fourmilière. Alors là, on est au calme. En plus, elle est grande et bien décorée. Très agréable.
Une bonne douche et quelques mails plus tard, nous optons pour la solution la plus efficace pour combattre le jetlag : un city tour à pedibus.

Direction le lac Hoan Kiem, à deux pas de là.

Très vite, il nous faut apprendre à traverser au milieu de la circulation, car celle-ci ne s’interrompt jamais. Feux rouges et passages piétons sont un concept inconnu ici. L’astuce est donc de s’avancer lentement mais sûrement, en gardant les yeux rivés sur les véhicules qui arrivent. Si ceux-ci peuvent prévoir votre direction et ce que vous allez faire, tout va bien. Ils vous éviteront. Si vous faites mine d’hésiter ou de reculer, c’est foutu, accident garanti. Il n’y a plus qu’à se lancer.

Au milieu du lac, au bout d’un petit pont de bois rouge (et Yves Duteil n’y est pour rien !), se trouve le temple Ngoc Son, dit « de la montagne de jade », dédié au général Tran Hung Dao, l’un des nombreux héros ancestraux du Vietnam. Il abrite également une reproduction en or de la tortue qui serait, selon la légende, venue réclamer à l’empereur Le Loi, l’épée grâce à laquelle il avait repoussé les chinois, après qu’elle lui ait été confiée par un pêcheur. D’où le nom du lac : « Lac de l’épée restituée ». Une sorte de version vietnamienne de la légende du roi Arthur.

Le lac nous sert de point de départ pour une visite de la vieille ville, et plus précisément du quartier des 36 rues, où chaque rue héberge une corporation différente : chausseurs, marchands de bonbons, décorations de Noël, ferblantiers, autels votif, articles funéraires, etc… Lors de la visite d’un petit temple, nous tombons sur un étudiant en français qui nous fait remplir un petit questionnaire. On discute de bonne grâce, jusqu’à ce que, le questionnaire rempli, il chercher à nous taxer quelques dongs pour aider les aveugles de la Croix Rouge (si si, le questionnaire c’est pour la Croix Rouge !) Mouais… La méthode est discutable, tout comme la destination des dons.

M’est avis que la Croix Rouge ne doit pas en voir souvent la couleur. Bref, n’étant sûre ni du vrai ni du faux, je tergiverse, calcule, et finit par décider d’alimenter le mythe qui dit que les français sont radins. J’aime pas être prise en otage !
Un peu plus loin, c'est une pagode au 1er étage d'un immeuble que nous trouvons grâce au Lonely Planet, et dans laquelle nous pouvons assister à une cérémonie.

Malgré le jetlag, les estomacs commencent à crier famine. Nous nous arrêtons pour déjeuner dans un petit restaurant nommé Little Hanoï. La salle de l’étage semble avoir été construite dans une sorte d’ancienne grande remise ou hangar et reste très sombre. Mais peu importe car le repas est excellent. Tout aurait été parfait si ce n’avait été trois détails :

- J’ai demandé une bouteille d’eau qui arrive décachetée… Dois-je lui faire confiance ? Je me tâte et décide finalement que j’ai soif. Ca, ça s’appelle un pari.

- Entre la chaleur et la pénombre du lieu, difficile de résister au jetlag. Nath et moi avons les yeux qui papillonnent. Faudra pas s’arrêter trop longtemps.

- LES TOILETTES… Oui, je sais, les toilettes et moi, c’est une grande histoire. Un traumatisme. Au point que le thème fait partie de mes rêves récurrents. Et là… Déjà, c’est plutôt rustique. D’accord, il y a un verrou et une cuvette, ça semble relativement propre, mais le lavabo s’évacue … sur vos pieds ! Et oui, on a fait l’économie du bout de tuyau entre le lavabo et le trou d’évacuation dans le sol. OK, je note.

Au fil de notre promenade, nous découvrons la fourmilière vietnamienne : la circulation où se mêlent voitures, scooters, vélos, cyclo-pousses, piétons, les rues, ruelles, placettes, encombrées quelle que soit leur taille, les marchands ambulants, les étals de fortunes qu'on appelle marchés, les restaurants de rue... Nous faisons un petit détour par le marché Dong Xuan (en vietnamien, marché se dit "Cho". A retenir, ça risque d'être utile), une immense halle sur plusieurs étages où les marchandises s’entassent à des hauteurs parfois vertigineuses.

Dans la zone des tissus, par exemple, on se croirait sur une mer immense de couleurs, où les vendeuses doivent grimper sur les étals pour en sortir. Cela mis à part, le marché grouille de monde et ce n’est pas toujours très rassurant. Un peu étouffant, même. En sortant, nous sommes complètement désorientées et sommes obligées de demander notre chemin à un monsieur qui nous montre où nous sommes sur la carte. Bien sûr, il en profite pour nous proposer les services de son moto-taxi, mais nous, on n’est pas encore prêtes pour ce genre d’expérience. Du coup, le copain à côté, comme ça lui plaît pas qu’on reste devant les motos, pousse brutalement Nath. Et Nath, ça lui a pas plu non plus, ça ! Non mais oh ! La rue ne vous appartient pas, mon bon monsieur !

Nous continuons comme prévu sur nos deux jambes, en passant par la rue de la soie pour arriver à la cathédrale St Joseph. Et là… une boulangerie… avec une photo de l’île St Louis ! Berthillon à Hanoï ! … non, je déconne, MP. ;-)

Nous sommes mortes, épuisées, fourbues, cassées. On dort debout. Je crois que ce soir, nous ne ferons pas de vieux os.

La nuit est déjà tombée (on est sous les tropiques), alors autant prévoir quelques courses pour manger à l’hôtel, parce que je ne pense pas qu’on ressortira. De l’eau, des brochettes de beignets de bananes achetées dans la rue, des bananes, un pamplemousse vietnamien, ça fera bien un repas. Le plus long, c’est d’éplucher le pamplemousse. Alors je le fais avec un œil sur la télé : 45 chaînes, deux en allemand, une en anglais, une en français. Au moins, c’est pas la télé qui nous polluera. Extinction des feux à 21 heures. La journée a été longue.

Comments

[Mp]

Sympas les photos! Je vois que les fils électriques sont pas trop enterrés! LOL

[CelineH]

wow j'aurais pas aimé débarquer à Hanoi seule moi !!! et prendre un taxi encore moins ! car effectivement pour un peu, il te laisse dans la mauvaise rue !! sympa la gérante par contre...

je me souviens de cette journée. on était tous déchirés... trop dur le jet lag après un tel voyage !!

wow t'es une aventurière, JAMAIS je n'aurais bu une eau dans une bouteille déjà ouverte !!! c'est aussi à Hanoi où j'ai vu les pires toilettes de ma vie !! hirk !!!

je vous félicite, vous avez sacrément bien tenu pour cette première journée !

bisous